"L'idée qu'on se fait d'autrui, est fonction de ce qu'on est soi-même." Jean POUILLON
Dans une approche des sociétés africaines, que je partage à tout point de vue, Claude BERENGIER disait : "Les occidentaux s'identifient depuis leur enfance à un certain nombre d'images qui ne varient guère".
L'Afrique des bêtes sauvages dans une nature luxuriante, vieux rêves d'un paradis perdu des origines de l'homme. L'Afrique du soleil, écrasant et implacable. L'Afrique des étendues, immenses terres livrées à elles-mêmes. L'Afrique de l'eau, lacs et fleuves indomptés.
Ces stéréotypes renforcés par une lecture para scolaire de "Tintin au Congo", par un cinéma spectacle du type "Monde sauvage", viennent converger sous couvert d'un fort appétit de connaissance et d'un regard d'allure scientifique avec un projet d'approche contemporain de la colonisation.
C'est donc l'homme africain "le bon sauvage" proche de la matérialité naturelle, innocent parce qu'il a tout à apprendre, naïf parce qu'il ne sait pas apprendre, drôle et amusant parce qu'il les singe maladroitement.
C'est aussi le "mauvais sauvage" irréductible sorcier, jetteur de sort, coupeurs de têtes d'une espèce à jamais perdue, le cannibale des grandes marmites où mijotèrent les dignes explorateurs.
Ne rions pas. Ceux qui n'ont pas encore exorcisé ces postulats, peut-être projection de leurs propres "démons", vont même jusqu'à prétendre, que "l'homme africain, n'est pas assez entré dans l'histoire" (Nicolas Sarkozy).
Derrière l'Africain d'aujourd'hui, se profile à vos yeux, une ombre de "primitivité" qui vous révulse ou vous attire. Ceci est d'autant plus frappant que vos discours sur l'homme africain porte beaucoup plus sur ses comportements que sur une tentative d'approche de sa pensée.
Etes-vous ethno-centristes ? Votre humanité qui se veut universelle, a secrété des valeurs assimiliationnistes. L'étalon c'est l'occident. La véritable nature humaine, son essence même, est axée sur l'idée de progrès, d'évolution, du passage d'un stade à un autre.
Cette démarche occidentalo-centriste contrôle le monde et se veut plongée dans une "histoire cumulative" qui dans son dynamisme parfois aveugle rejette l'autre, c'est à dire la minorité différente.
Certes les temps ont changé depuis que Sir Samuel Baker revenant du Haut Nil déclarait aux vénérables membres de la société ethnographique anglaise (1866) :
"Ces races sans exception, ne possèdent aucune croyance en un être suprême, ni aucune forme de culte ou d'idolâtrie. L'obscurité de leur esprit n'est pas même éclairée par un rayon de superstition : ils ont l'esprit aussi stagnant que les marais qui fondent leur monde étriqué."
Ces mêmes propos seront repris par d'illustres personnages comme Jules Simon, Victor Hugo, Jules Ferry, pour justifier la traite négrière et plus tard, la balkanisation et la colonisation du vieux continent. Nous y reviendrons.
(A suivre...)
Commentaires (1)
1. Princesse Djimbu 09/11/2009
C'est tellement vrai. Merci pour ce merveilleux article que Dieu vous bénisse vous et votre famille.